Petites histoires de la ville 1
Arrivée du train à Gonaïves en 1908. (Photo de www.antanlontan-antilles.com/haiti-2.html)
– Vers les années 40, il était de coutume aux Gonaïves d’organiser des baptêmes de poupées dans les familles pour faciliter la rencontre entre les jeunes des deux sexes. La poupée s’était le symbole de la rencontre. Il faudrait un parrain et une marraine pour le bébé. De la musique, des mets variés, de l’élégance, de la galanterie faisaient partie du menu. Le parrain devait prononcer un discours éloquent et présente un cadeau à la marraine. Parfois cette amitié occasionnelle entre Parrain et marraine débouchait sur des aventures amoureuses qui durent de longues années et par la suite conduisaient parfois à des engagements officiels et religieux durables. Bon nombre de la génération d’aujourd’hui originaires des Gonaïves si l’on fouille dans la mémoire collective a pris naissance à partir de ces baptêmes de poupées d’autrefois.
– La question de couleur a été une source de conflits même avant la fondation de la nation haïtienne en 1804. Vous vous rappelez surement les luttes entre pompons blancs et pompons rouges, entre esclave et affranchis. Enfin, ironiquement les affranchis s’allièrent avec la grande troupe des esclaves pour faire 1804. A travers l’histoire de notre pays, cette lutte a traversé des générations jusqu’à l’arrivée de François Duvalier au pouvoir en 1957. Aujourd’hui, cette lutte de couleur existe timidement mais a laissé des séquelles très profondes et destructrices à la nation haïtienne: moun la ville, moun ande yo, moun nan moutay, moun sou belair, moun Petion-Ville, moun la salin, ti grimo, ti neg nwa, diaspora… Cette lutte de la couleur de peau a eu aussi des répercussions dans tout le pays et notamment aux Gonaïves où deux groupes se rivalisaient: Le cercle du commerce (personne à peau Claire) et Le faisceau club (les noiristes). A l’avènement du Dr François Duvalier (noiriste), après des élections à l’haïtienne (la majorité des élections réalisées en Haïti après la chute de Baby Doc, Jean Claude Duvalier, sont similaires à celle qui avait apportée Papa Doc au pouvoir au mépris des normes démocratiques), des actes répréhensibles et inimaginables ont été commis aux Gonaïves. Le viol comme à Port-au-Prince des membres de l’autre classe a été organisé. Aux Gonaïves, un des membres de la famille Wise a été violée par les hommes en “Cagoule” pour se venger de son opulence (une mauvaise approche à considérer le frère haïtien (sœur) est supérieur à l’autre à cause de la couleur de son épiderme, « idiocratie extrême ») et de son appartenance au rival du Dr François Duvalier aux dernières élections de 1957, l’Agronome Louis Déjoie. Sous le président Paul Eugène Magloire, après une tentative de bagarre entre les deux clubs aux Gonaïves, la police avait procédé seulement à l’arrestation des membres du faisceau du club. (Noiristes).
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