Redites-nous des mots du droit

Article : Redites-nous des mots du droit
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28 novembre 2012

Redites-nous des mots du droit

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Image : blog.expertmemoire.com

Une étudiante d’origine malienne me parlait de son pays, elle me parlait des malheurs du Mali et de sa situation dans le Nord, une bande de terroristes enguenillés a mis en déroute l’armée du gouvernement, séquestrant des femmes, les violent et les torturent sous le seul prétexte qu’elles ne sont pas intégralement voilées. Le tout pour obéir à la volonté normative de prescriptions écrites et soi-disant sacrées, qui, malgré l’évolution de nos sociétés continuent à définir la femme comme un objet-meuble devant rester à la maison dans le but de satisfaire l’appétit végétatif du mari. Ces hommes armés se réservent aussi le droit de vie et de mort sur leurs sujets.

En cette journée pas comme les autres, journée pour faire cesser la violence faite aux femmes, nous avons besoin grand qu’on nous redit haut et fort les mots du droit et qu’on nous referme poliment ces sacrés bouquins qui puent l’idiot rance. Ne parlons plus d’intégrisme de mauvais aloi refusant toute évolution sociale au nom de traditions moyenâgeuses qui souhaitent aussi que nos universités ne comptent aucune personne de sexe féminin, comme cette Malienne brillante et intelligente que j’ai rencontrée durant mon printemps d’Érables.

Alors que des pays établissent une certaine parité plus ou moins modèle pour optimiser un certain développement multisectoriel, dans d’autres pays ils se complaisent dans le refus de l’autre au profit d’un système rétrograde, anachronique et dénué de sens. Dans ces pays, la gent féminine, frappée de minorité, est considérée comme une pestiférée. Elle est objet du droit et non-sujette de droit. Dans ces lieu-dits, la femme n’a même pas le droit de fréquenter une école, d’aller à un hôpital et même de marcher dans la rue sans être accompagnée de son mari ou de son frère;  ses droits fondamentaux sont complètement foulés aux pieds.

Ce sont les droits des hommes, des femmes et des enfants qui définissent les facultés et les privilèges que possède l’être humain, de tels droits remontent de l’antiquité égyptienne, grecque ou romaine. En effet, malgré le culte de personnalité qui existait à cette époque, le pharaon n’avait pas le droit de vie et de mort sur le commun des mortels. En Grèce antique ou mieux dans la cité athénienne, les philosophes se penchaient sur les droits de l’homme. Dans la république de Platon, l’accent était mis sur les divers régimes politiques et sur les avantages de la démocratie d’essence humaniste. À la Rome Antique, malgré que ce fût une société patriarcale, le paterfamilias n’avait pas l’exclusivité du droit. Les citoyens étrangers, les pérégrins jouissaient eux aussi de certains droits. Les jurisconsultes romains n’avaient pas une vision clanique du droit.

La Déclaration des droits de 1689 issue de la glorieuse révolution de 1688 affirmait explicitement que le roi ne peut suspendre l’application des lois, le régime anglais se retrouva dans la philosophie de Locke, son théoricien qui prône le droit naturel dont la sauvegarde ne peut être assurée que par des gouvernements émanant de la souveraineté nationale. La constitution américaine de 1787 de son côté nous parle de l’inviolabilité de la propriété, du droit à la vie et au bonheur. Ce document était également une source d’inspiration pour les philosophes français du XVIIIe siècle. Et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 aout 1789 proclamait que tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit; que le principe de toute souveraineté réside dans la nation; que tous les citoyens égaux et ayant les mêmes chances devant la loi sont également admissibles à tous emplois publics, sans autres distinctions que celles de leurs talents; et que nul ne doit être accusé, arrêté ou n’y être détenu que dans les cas déterminés par la loi.

À la faveur de la révolution de 1789, certaines femmes revendiquaient aussi leurs droits en tant qu’êtres humains, par exemple, Olympe de Gouges, qui a laissé de nombreux écrits en faveur des droits civils et politiques des femmes et de l’abolition de l’esclavage des Noirs. Ces femmes voulaient soumettre à l’Assemblée législative française de 1791 une déclaration qui postulait que la femme naît libre et demeure égale à l’homme en droit. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées sur l’utilité commune. Les mères, les filles, les soeurs, représentantes de la nation eux aussi demandent d’être constituées en assemblée nationale. Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme comme causes des malheurs publics, on a décidé d’explorer dans une déclaration solennelle, les droits naturels et inaliénables de la femme. Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Par êtres humains, on entend les hommes, les femmes et les enfants; soit une vue plurielle.

Aujourd’hui, l’expression Droits des êtres humains signifie un tout, une globalité, c’est-à-dire le droit de vivre, pour tous et pour toutes; le droit de se nourrir, de se vêtir, de se loger, le droit à l’éducation, au travail, à son propre mode de vie, aux soins médicaux, à l’information et à la liberté d’expression. En définitive, les droits de l’homme, de la femme et des enfants sont inclus dans les droits de la personne humaine, sans distinctions de cultures, de races ou de religions; et dans un quelconque recoin de la planète, comme au Mali, si ces droits sont systématiquement suspectés d’être violés ou foulés aux pieds, il reviendra aux nations plus ou moins modèles d’intervenir pour rétablir l’ordre, d’où le devoir ultime d’ingérence.

Thélyson Orélien

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